Appelez nous
au 07 88 14 98 85
du lundi au jeudi de 9h à 17h ou au 3919 24/24 & 7j/7
En cas d'urgence, appelez les forces de l'ordre au 17
ou par sms au 114
Appelez nous
au 07 88 14 98 85
du lundi au jeudi de 9h à 17h ou au 3919 24/24 & 7j/7
En cas d'urgence, appelez les forces de l'ordre au 17
ou par sms au 114
Comment se construit notre regard sur les femmes et les hommes ?
Questionner le regard que nous portons sur les femmes est primordial, car il cadre notre système de pensée et nous fait adopter des comportements pouvant faire le lit des violences. Mais peut-on réellement changer façon de voir le monde et se débarrasser de nos stéréotypes ?
Dernière mise à jour de la page : 09-06-2023 (rédaction en cours)
1️⃣ Catégorisation et stéréotypes, un processus cognitif normal
▶️La catégorisation est un processus cognitif essentiel qui nous aide à comprendre et à organiser le monde complexe qui nous entoure : (source du concept)
=> tout au long de notre vie, notre cerveau a besoin de trier, ordonner et classer de nombreuses informations, des plus simples aux plus complexes. Pour faciliter le traitement, il simplifie la réalité en classant les informations par catégories.
=> Ces catégories sont organisées en fonction de caractéristiques apprises (fonction, ressemblance, couleur …), représentées par un élément typique (c’est-à-dire un élément le plus représentatif de sa catégorie par rapport au critère de catégorisation), et classées hiérarchiquement.
=> La catégorisation ne suit pas de schéma logique et prédéfini : deux objets peuvent avoir les mêmes propriétés mais ne pas être classés ensemble, et, à l'inverse deux objets peuvent avoir des propriétés qui ne semblent pas aller ensemble mais dans un cadre précis être mis dans la même catégorie. Heureusement, le contenu de ces catégories n’est pas stable, il peut être modifié, car il est lié à la perception de chacun, chacune, et dépend du contexte dans lequel la tâche de classification s’inscrit.
=> rajouter visuels
Pour le cerveau, plus un élément est représentatif de sa catégorie, plus il sera classé facilement. C'est un processus normal mais qui peut avoir des conséquences néfastes :
▶️Les stéréotypes sont donc des schémas de pensées incontournables : il n'est pas problématique d'avoir des stéréotypes si on se rappelle que la réalité est beaucoup plus complexe et diversifiée, en particulier lorsque ce sont les êtres humain.es.
Un stéréotype, c'est une « Idée, opinion toute faite, acceptée sans réflexion et répétée sans avoir été soumise à un examen critique, par une personne ou un groupe, et qui détermine, à un degré plus ou moins élevé, ses manières de penser, de sentir et d'agir. » (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (cnrtl.fr))
Même s'il est interessant de se demander si un stéréotype est correct ou incorrect, il est plus nécessaire de se demander s’il est utile ou nuisible.
“Le processus de stéréotypisation des individus consiste à leur appliquer un jugement - stéréotypique - qui rend ces individus interchangeables avec les autres membres de leur catégorie.” (Leyens, qui ? 1996). Ainsi, les stéréotypes de genre sont un ensemble d’attributs, comportements, qualités qui soi-disant nous permettent de distinguer les individu·es femmes et hommes. Transmis dès le plus jeune âge au cours de la socialisation primaire, par la famille, l’entourage, l’école, la littérature jeunesse, les films, les médias, …, les stéréotypes de genre se retrouvent dans toutes les sphères privées comme publique.
En 2014, Anne-Charlotte Husson, linguiste, collecte grâce aux réseaux sociaux les adjectifs associés aux mots 'homme' et 'femme' pour illustrer nos stéréotypes :
Caractéristiques dites « féminines »
Caractéristiques dites « masculines »
L'exercice proposé par A-C Husson nous alerte sur les valeurs sur lesquelles nous construisons nos stéréotypes "féminin" / "masculin". lien vers super blog "genre !"
On ne peut pas vraiment "lutter contre" les stéréotypes, ce processus cognitif normal, mais on peut se questionner pour dénoncer les valeurs sur lesquelles ils s'appuient, comment ils crèent ou maintiennent une hiérarchie entre les catégories produites, comprendre leur transmission et contrer les mécanismes de discrimination.
L’enjeu est particulièrement important quand on parle de groupes sociaux où les stéréotypes peuvent être abusivement utililés pour maintenir des rapports de domination ou justifier une position sociale via des stéréotypes racistes, sexistes, ….
Quand les publicitaires ne questionnent pas leurs stéréotypes, cela nous donne une vision déformée de la réalité, comme le montre le travail de recensement et de sensibilisation au sexisme de l'association Pépites sexistes.
2️⃣ L'impact sur la construction de soi et la vie en société
La catégorisation et les stéréotypes, s'ils ne sont pas réinterrogés, sont à l'origine de conséquences sociales et psycho-sociales, individuelles et sociétales.
Les conséquences de l'adhésion aux stéréotypes sur la construction de soi
➡️ Conformisme : un groupe dominé qui est l’objet d’un stéréotype négatif émis par un groupe dominant aura tendance à adopter ce stéréotype. En effet, à force de les entendre, les stéréotypes finissent par s’imposer comme une vérité et deviennent alors la norme qu'il faut suivre. C’est ainsi que dès notre plus jeune âge nous adhèrons à des rôles sociaux de genre stéréotypés.
Dans la construction de soi, se conformer aux stéréotypes peut altérer la confiance en soi, développer des complexes ou un désaccord avec son identité profonde, par exemple :
➡️ Baisse de l’estime de soi / effet Gholem / effet Pygmalion : les individu·es ciblé·es par un stéréotypes négatif ont plus de disposition à échouer ou à avoir une attitude d’évitement ou d’auto-défaite. Parlons de l’effet Gholem : c'est un phénomène psychologique mettant en œuvre une prophétie autoréalisatrice dans laquelle des attentes moins élevées placées sur un·e individu le·a conduisent à de moins bonnes performances. C'est l'inverse de l'effet Pygmalion qui, en imposant aux individus de s’ajuster aux stéréotypes qui sont émis à leur encontre, induit des performances supérieures d'un sujet sous l'effet d'une croyance extrinsèque en sa réussite.
Reprenons des exemples de stéréotypes de genre pour bien comprendre ces effets.
Les préjugés et les discriminations
Les préjugés peuvent être définis comme une « attitude de l’individu comportant une dimension évaluative, souvent négative, à l’égard de types de personnes ou de groupes, en fonction de sa propre appartenance sociale. C'est donc une disposition acquise dont le but est d’établir une différenciation sociale » (Gustave-Nicolas Fischer, professeur en psychosocial, 1987). Selon le CNRTL, un préjugé est une « opinion à priori favorable ou défavorable qu'on se fait sur quelqu'un·e ou quelque chose en fonction de critères personnels ou d'apparences. ».
Les stéréotypes n’entrainent pas forcément de préjugés, mais les préjugés viennent toujours de stéréotypes auxquels on a ajouté un jugement de valeur, en général dépréciatif pour un groupe dominé ! Ils ont un impact sur la construction de chacun et chacune, et participent aux fondations des discriminations, inégalités et donc, des violences.
Les discriminations se produisent lorsque des individu·es (seul.es ou en groupe) s'appuyent sur leurs préjugés pour traiter de manière injuste un.e ou des individus en raison de leur appartenance à un groupe spécifique. Basée sur le genre, l'origine ethnique, la religion, l'orientation sexuelle, le handicap, etc, la discrimination limite l'accès aux opportunités, aux ressources et aux droits fondamentaux, engendrant ainsi des inégalités et des violences profondément enracinées dans notre société.
ajouter la spirale de Laboratoire de l'inagalité
EXEMPLES :
Stéréotypes :
Les femmes n’ont pas le sens de l’orientation.
Préjugés :
Femme au volant, mort au tournant.
Discrimination :
Elle n'aura pas le poste de conductrice d'engins.
Stéréotypes :
Le rose est une couleur féminine.
Préjugés :
Les garçons qui portent du rose sont homosexuels.
Violences :
Le garçon qui porte du rose est insulté de "sale homosexuel".
Allant de l’inégalité de répartition des tâches domestiques à l’inégal usage de l’espace public en passant par l’invisibilisation des femmes dans les films, l’objectification du corps féminin dans les publicités, aux injonctions à la masculinité pour les hommes, à la répartition genrée de certains métiers, aux violences de genre, etc, les stéréotypes de genre sont un frein à l’égalité femmes-hommes. Ils influencent les attitudes et les comportements des individu·es, les poussant à adopter des comportements discriminatoires.
3️⃣ L'objectification du corps féminin
La notion d’objectification sexuelle désigne le fait de réduire une personne à son corps ou à ses fonctions sexuelles. Pour les féministes Catharine MacKinnon et Andrea Dworkin, cela implique d’utiliser l’autre pour satisfaire ses propres fins, induisant de fait la déshumanisation et une dégradation symbolique de la personne objectifiée.
Femmes et hommes peuvent subir l’objectification, dans le cadre d’une société patriarcale comme la nôtre, le pouvoir étant côté des hommes, ce sont majoritairement eux qui objectifent et les femmes qui sont considérées comme des objets.
Si pour McKinnon et Andrea Dworkin la pornographie est au centre du process d’objectification, plusieurs autres féministes ont plutôt mis les inégalités femmes-hommes, les rôles et attendus genrés comme point de départ.
Dans le domaine psycho-social, les chercheuses Barbara Fredrickson et Tomi-Ann Roberts ont travaillé de manière empirique à démontrer l’impact de l’objectification sexuelle sur la santé mentale des femmes.
Le fait de traiter les femmes comme des objets sexuels a des conséquences néfastes chez elles comme les troubles alimentaires ou les dépressions mais aussi des conséquences plus indirectes comme l’intériorisation des femmes du regard d’autrui sur elles-mêmes. C’est ce qu’on appelle l’auto-objectification.
source
Cette pression posée sur le corps des femmes vis-à-vis de leurs corps a permis aussi de développer le concept de malegaze ou regard masculin. Notre environnement médiatique est construit par rapport à ce regard que ce soit au cinéma, dans les publicités, la BD, les jeux vidéo … Les femmes sont réduites à leur corps hypersexualisés. On y est tellement habitué que cela ne nous interroge plus de voir des héroïnes dans des tenues et des positions improbables, comme la fameuse « fesses – sein » qui permet au spectateur de voir les 2 ou encore la fragmentation où les femmes sont découpées (le plus souvent on ne leur voit plus la tête - cf l'affiche du film Les infidèles de 2012).
Heureusement, des voix s’élèvent (un peu) pour sortir de ces codes et proposer d’autres points de vue, des personnages différent·es, des héroïnes actives non sexualisées. Par exemple l’autrice et critique de cinéma, Iris Brey, qui à développé le “female gaze”, ce regard féminin qui se veut une vraie démarche engagée afin de proposer des films sans objectification.
Car l'objectification du corps féminim pose la question de sa consommation et de sa vente, comme une marchandise... Cf pornographie et prostitution.
4️⃣ Questionner les masculinitéS
Pour lutter contre les violences et les discriminations basées sur le genre, le problème ne se limite pas à la perpétuation des stéréotypes et rôles féminins, remis en question depuis plusieurs siècles, mais s'étend aussi à la perpétuation des stéréotypes et attendus masculins, trop peu souvent remis en cause.
Olivia Gazalée, philosophe, parle à ce propos, d’un mythe de la virilité, qui serait entretenu notamment par des valeurs guerrières enfermant les hommes dans une posture de protecteurs (de la cité, de la famille) et leur donnant légitimité pour assoir leur place même en utilisant la violence.
A voir : documentaire sur les masculinités guerrière, "Power on Patrol" - Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté
⚠️ Stéréotypes masculins, virilité, masculinité
Les stéréotypes masculins sont alimentés par deux concepts souvent associés : la masculinité et la virilité significations légèrement différentes qui peuvent varier selon les époques, les sociétés, les contextes culturels et les attentes sociales spécifiques.
Pour autant, Haude Rivoal dans "La fabrique des masculinités au travail" (edition La Dispute) souligne que la virilité n'a pas toujours été liée au masculin : la sociologue prend pour exemple les femmes exerçant des métiers nécessitant force et endurance, telles que les aides à domicile, dont 98% sont des femmes. Elles portent, lavent et soutiennent les malades, les personnes alitées, avec force, courage, endurance, performance, démontrant ainsi que les femmes aussi peuvent être des exemples de virilité.
Pour aller plus loin :
Le concept de « masculinitéS », au pluriel, a été développé récemment par Raewyn Connell, sociologue australienne, pour remettre en question l'idée d'une masculinité unique et monolithique et proposer une lecture plurielle, complexe, socialement construite et évolutive des façons d'être considéré comme un homme. Selon elle, les masculinités ne sont pas des caractéristiques individuelles déterminées biologiquement, mais des constructions sociales qui varient selon des facteurs sociaux, économiques et politiques (cultures, contextes historiques, systèmes de pouvoir.)
La masculinité hégémonique : lecture critique d’un concept de Raewyn Connell - https://journals.openedition.org/gss/3546
4 types de masculinités hiérarchisés en fonction d'un modèle dominant :
Raewyn Connell parle d'"hégmonie" en référence au concept d’"hégémonie culturelle" (développé par le théoricien Antonio Gramsci) qui suppose que la conquête du pouvoir ne peut se faire qu'avec la conquête de l’opinion publique et la domination culturelle de sa classe sur les autres. Ici la société patriarcale (reposant sur une domination des hommes sur les femmes et donc du masculin sur le féminin).
Ce modèle de masculinité dominante a des conséquences négatives pour les hommes eux-mêmes, ainsi que pour les femmes et les personnes ne se conformant pas à ces normes de genre. Il peut créer des pressions sociales, des attentes irréalistes et des contraintes qui limitent la liberté individuelle et le développement de soi.
⚠️ Comment se fait l'appropriation collective de la masculinité ?
La masculinité n’est pas une simple histoire de devenir un homme, tout comme la féminité n’est pas qu’une histoire de femmes. Ce sont toutes deux des constructions sociales en lien avec des rapports de pouvoir installés depuis plusieurs siècles. Mais pourquoi ce système dénoncé depuis plusieurs décennies ne tombe pas ? Comment accompagner les hommes et les femmes à refuser d’adhérer à ce système de genre ?
Les attendus liés à la masculinité passent par différents niveaux d’apprentissage et notamment par un lien fort avec la violence. En prenant la règle des 7 P développée par Michael Kaufmannen 1999 (voir « The seven P’s of men’s violence », nous pouvons avoir les clés et leviers pour interroger la construction d’une violence de genre dans les groupes :
⚠️ Quelles pistes pour penser de nouvelles masculinités ?
Voici la traduction des propositions de l’association espagnole « Un Como » pour penser de nouvelles masculinités :
A compléter avec ces pistes tirées d’associations mexicaines et de la communication de la police fédérale mexicaine :
⚠️ Masculinités : résistances aux changements
Malgré les progrès réalisés dans de nombreux domaines vers l'égalité entre les sexes, des résistances persistent et entravent les actions mises en place. Des attitudes et des comportements discriminatoires reflètent une résistance profonde au changement.
Cependant, il est important de souligner que la résistance des hommes à l'égalité n'est pas une caractéristique universelle. De nombreux hommes se sont engagés activement dans la lutte pour l'égalité des sexes, reconnaissant que l'égalité profite à tou·tes. Ils comprennent que l'égalité ne signifie pas une perte pour eux, mais plutôt une société plus juste, équilibrée et harmonieuse.
L'égalité des sexes n'est pas un jeu à somme nulle, mais plutôt une opportunité de créer une société plus juste et équilibrée pour tous et toutes. En fin de compte, interroger les normes masculines et féminines est possible en favorisant le dialogue, en questionnant les stéréotypes de genre, en abolissant les préjugés qui ménent aux descriminations, et en valorisant de nouveaux modèles. (comme les exemples ci-dessous - rajouter la source et permettre le téléchargement du document en pdf)
5️⃣ Comment agir ?
➡️ Une action collective en vue d'une transformation sociétale : la lutte contre les discriminations nécessite des actions concertées à plusieurs niveaux pour remettre en question les stéréotypes et les préjugés, encourager le dialogue. Notamment en favorisant l'empathie, nous pouvons construire une société où la diversité est valorisée, où les discriminations sont combattues et les comportements toxiques répérés.
➡️ Et individuellement, qu’est-ce qu’on peut faire dès maintenant ?
→ Interroger nos pratiques, nos postures, et combattre nos préjugés : est-ce que j’agis de manière discriminatoire intentionnellement ou non ? Est-ce que j'arrive à questionner mes stéréotypes ?
Petit·es comme grand·es, chacun·e a la droit de faire ce qui lui plaît tant qu’il ou elle est dans le respect de l’autre.
Votre amie se met à la boxe ? Encouragez-la ! Votre père décide de se reconvertir dans les métiers de la petite enfance ? Encouragez-le ! Votre petit garçon joue à la poupée ? Félicitez-le, il fera un bon père, un super infirmier, ... !
→ Questionner son environnement : les blagues, les films, les livres, les jeux vidéo, les activités et les personnes qui font la promotion d’attitudes négatives envers certains groupes. Lorsque l’on est face à une personne qui verbalise un stéréotype on peut la questionner pour déconstruire son idée.
Si par exemple une personne vous dit que les poupées ne sont pas des jouets pour les garçons :
=> questionnez-la d’abord avec des questions ouvertes, par exemple : Pourquoi dis-tu cela ? / De quoi a-t-on besoin pour jouer à la poupée ? / Pourquoi les garçons ne pourraient pas le faire ? De quoi as-tu peur ?
=> proposez une autre façon de voir les choses : jouer à la poupée permet aux petits garçons de développer des compétences psycho-sociales importantes quant au respect de l’autre, du prendre soin, et que cela pourra l’aider à être un bon père
→ Repérer et orienter les victimes de harcèlement, violences, discriminations
→ Visibiliser de nouveaux modèles
Rien de mieux que de pouvoir s’identifier à des personnes réelles ! Développer vos exemples en dehors de stéréotypes : parlez autour de vous des footballeuses lyonnaises qui excellent à chaque compétition, des femmes scientifiques, des hommes dans les métiers du soin, etc.
ajouter fiches stéréotypes filles et garçon (maman renarde)
→ Aider des associations qui s’attaquent aux causes profondes des stéréotypes, des préjugés et de la discrimination, ainsi qu’à leurs effets
Parce qu'il est plus difficile de s'en sortir quand on est isolée,
Contactez-nous au 07 88 14 98 85.