• Comment se construit notre regard sur les femmes et les hommes ?

    Questionner le regard que nous portons sur les femmes est primordial, car il cadre notre système de pensée et nous fait adopter des comportements pouvant faire le lit des violences. Mais peut-on réellement changer façon de voir le monde et se débarrasser de nos stéréotypes ?

    Dernière mise à jour de la page : 09-06-2023 (rédaction en cours)

  • 1️⃣ Catégorisation et stéréotypes, un processus cognitif normal

    ▶️La catégorisation est un processus cognitif essentiel qui nous aide à comprendre et à organiser le monde complexe qui nous entoure : (source du concept)

     

    => tout au long de notre vie, notre cerveau a besoin de trier, ordonner et classer de nombreuses informations, des plus simples aux plus complexes. Pour faciliter le traitement, il simplifie la réalité en classant les informations par catégories.

     

    => Ces catégories sont organisées en fonction de caractéristiques apprises (fonction, ressemblance, couleur …), représentées par un élément typique (c’est-à-dire un élément le plus représentatif de sa catégorie par rapport au critère de catégorisation), et classées hiérarchiquement.

     

    => La catégorisation ne suit pas de schéma logique et prédéfini : deux objets peuvent avoir les mêmes propriétés mais ne pas être classés ensemble, et, à l'inverse deux objets peuvent avoir des propriétés qui ne semblent pas aller ensemble mais dans un cadre précis être mis dans la même catégorie. Heureusement, le contenu de ces catégories n’est pas stable, il peut être modifié, car il est lié à la perception de chacun, chacune, et dépend du contexte dans lequel la tâche de classification s’inscrit.

     

    => rajouter visuels
     

    Pour le cerveau, plus un élément est représentatif de sa catégorie, plus il sera classé facilement. C'est un processus normal mais qui peut avoir des conséquences néfastes :

    • exagération des ressemblances entre les éléments d’une catégorie (stéréotypie)
    • accentuation des différences entre les catégories (discrimination)

    ▶️Les stéréotypes sont donc des schémas de pensées incontournables : il n'est pas problématique d'avoir des stéréotypes si on se rappelle que la réalité est beaucoup plus complexe et diversifiée, en particulier lorsque ce sont les êtres humain.es.

     

    Un stéréotype, c'est une « Idée, opinion toute faite, acceptée sans réflexion et répétée sans avoir été soumise à un examen critique, par une personne ou un groupe, et qui détermine, à un degré plus ou moins élevé, ses manières de penser, de sentir et d'agir. » (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (cnrtl.fr))

     

    Même s'il est interessant de se demander si un stéréotype est correct ou incorrect, il est plus nécessaire de se demander s’il est utile ou nuisible.

     

    “Le processus de stéréotypisation des individus consiste à leur appliquer un jugement - stéréotypique - qui rend ces individus interchangeables avec les autres membres de leur catégorie.” (Leyens, qui ? 1996). Ainsi, les stéréotypes de genre sont un ensemble d’attributs, comportements, qualités qui soi-disant nous permettent de distinguer les individu·es femmes et hommes. Transmis dès le plus jeune âge au cours de la socialisation primaire, par la famille, l’entourage, l’école, la littérature jeunesse, les films, les médias, …, les stéréotypes de genre se retrouvent dans toutes les sphères privées comme publique.

     

    En 2014, Anne-Charlotte Husson, linguiste, collecte grâce aux réseaux sociaux les adjectifs associés aux mots 'homme' et 'femme' pour illustrer nos stéréotypes :

    Caractéristiques dites « féminines »

    • Positives : fragile, douce, tendre, attentionnée, coquette, dévouée, naïve, pudique, attentive, discrète, aimante, sensible, jolie, belle, forte, attentive, maternelle, propre, rangée, patiente, compatissante, inspirante, rêveuse, soigneuse, fertile, stable, éducatrice, mystérieuse, protectrice, insaisissable, battante, brillante, élégante.
    • Négatives : faible, curieuse, bavarde, jalouse, frivole, irrationnelle, hystérique, dépensière, peureuse, cancanière, facile, pleurnicharde, superficielle, volage, versatile, vénale, passive, étourdie, maladroite, douillette, émotionnelle, fatale, cucul, compliquée.

    Caractéristiques dites « masculines »

    • Positives : fort, rationnel, volontaire, courageux, déterminé, actif, légitime, sérieux, simple, manuel, sportif, drôle, franc, juste, charismatique, artiste, bricoleur, musclé, carré, direct, bon, protecteur.
    • Négatives : violent, infidèle, obsédé (par le sexe), turbulent, dominateur, prédateur, sale, désordonné, stupide, bestial, dur, dominant.

    L'exercice proposé par A-C Husson nous alerte sur les valeurs sur lesquelles nous construisons nos stéréotypes "féminin" / "masculin". lien vers super blog "genre !"

     

    On ne peut pas vraiment "lutter contre" les stéréotypes, ce processus cognitif normal, mais on peut se questionner pour dénoncer les valeurs sur lesquelles ils s'appuient, comment ils crèent ou maintiennent une hiérarchie entre les catégories produites, comprendre leur transmission et contrer les mécanismes de discrimination.

     

    L’enjeu est particulièrement important quand on parle de groupes sociaux où les stéréotypes peuvent être abusivement utililés pour maintenir des rapports de domination ou justifier une position sociale via des stéréotypes racistes, sexistes, ….

    • Ces caractéristiques sont-elles représentatives de toutes les femmes, de tous les hommes, à travers tous les lieux et les époques ?
    • Quels sont les "filtres" utilisés pour créer les catégories ? Qu'est-ce que je regarde, qu'est-ce que je ne prends pas en compte ? Quelles sont les valeurs sur lesquelles nos stéréotypes s’appuient ?
    • Est-ce qu'il y a une hiérarchie entre certaines catégories ? L'une serait supérieur à l'autre, ou inversement ?

     

    Quand les publicitaires ne questionnent pas leurs stéréotypes, cela nous donne une vision déformée de la réalité, comme le montre le travail de recensement et de sensibilisation au sexisme de l'association Pépites sexistes.

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  • 2️⃣ L'impact sur la construction de soi et la vie en société

    La catégorisation et les stéréotypes, s'ils ne sont pas réinterrogés, sont à l'origine de conséquences sociales et psycho-sociales, individuelles et sociétales.

     

    Les conséquences de l'adhésion aux stéréotypes sur la construction de soi

     

    ➡️ Conformisme : un groupe dominé qui est l’objet d’un stéréotype négatif émis par un groupe dominant aura tendance à adopter ce stéréotype. En effet, à force de les entendre, les stéréotypes finissent par s’imposer comme une vérité et deviennent alors la norme qu'il faut suivre. C’est ainsi que dès notre plus jeune âge nous adhèrons à des rôles sociaux de genre stéréotypés.

    Dans la construction de soi, se conformer aux stéréotypes peut altérer la confiance en soi, développer des complexes ou un désaccord avec son identité profonde, par exemple :

    • Certaines filles peuvent ne pas se reconnaitre avec l'injonction d'être douces, conciliantes ou de devoir jouer la séduction pour adhérer aux standards de la féminité, mais vont se forcer à répondre à ces injonctions, sans pouvoir valoriser leurs autres qualités intellectuelles ou de caractère (combativité, créativité, esprit d'initiative).
    • Certains garçons peuvent développer des complexes liés au fait qu'ils ne correspondent pas à l'archétype de l'homme : viril, fort, insensible, conquérant ... mais vont adopter ou laisser faire des comportements sexistes pour etre reconnus.

    ➡️ Baisse de l’estime de soi / effet Gholem / effet Pygmalion : les individu·es ciblé·es par un stéréotypes négatif ont plus de disposition à échouer ou à avoir une attitude d’évitement ou d’auto-défaite. Parlons de l’effet Gholem : c'est un phénomène psychologique mettant en œuvre une prophétie autoréalisatrice dans laquelle des attentes moins élevées placées sur un·e individu le·a conduisent à de moins bonnes performances. C'est l'inverse de l'effet Pygmalion qui, en imposant aux individus de s’ajuster aux stéréotypes qui sont émis à leur encontre, induit des performances supérieures d'un sujet sous l'effet d'une croyance extrinsèque en sa réussite.

     

    Reprenons des exemples de stéréotypes de genre pour bien comprendre ces effets.

    • Les filles sont moins douées en mathématiques que les garçons. → Plus les filles entendent qu’elles sont moins douées que les garçons en mathématiques, plus elles le sont ! C’est ce qui les pousse à moins s’invertir dans les filières scientifiques dès l’entrée au lycée. préciser avec l'exemple de la situation d'un exercice défini en math ou en dessin
    • Les garçons n’expriment pas leurs émotions. → Ce stéréotype est dangereux pour les garçons, en effet ces derniers sont moins enclins à exprimer leurs émotions, ce qui à long terme peut créer le terreau de certains problèmes sociaux, notamment la violence, les addictions et le suicide.

     

    Les préjugés et les discriminations

     

    Les préjugés peuvent être définis comme une « attitude de l’individu comportant une dimension évaluative, souvent négative, à l’égard de types de personnes ou de groupes, en fonction de sa propre appartenance sociale. C'est donc une disposition acquise dont le but est d’établir une différenciation sociale » (Gustave-Nicolas Fischer, professeur en psychosocial, 1987). Selon le CNRTL, un préjugé est une « opinion à priori favorable ou défavorable qu'on se fait sur quelqu'un·e ou quelque chose en fonction de critères personnels ou d'apparences. ».

     

    Les stéréotypes n’entrainent pas forcément de préjugés, mais les préjugés viennent toujours de stéréotypes auxquels on a ajouté un jugement de valeur, en général dépréciatif pour un groupe dominé ! Ils ont un impact sur la construction de chacun et chacune, et participent aux fondations des discriminations, inégalités et donc, des violences.
     

    Les discriminations se produisent lorsque des individu·es (seul.es ou en groupe) s'appuyent sur leurs préjugés pour traiter de manière injuste un.e ou des individus en raison de leur appartenance à un groupe spécifique. Basée sur le genre, l'origine ethnique, la religion, l'orientation sexuelle, le handicap, etc, la discrimination limite l'accès aux opportunités, aux ressources et aux droits fondamentaux, engendrant ainsi des inégalités et des violences profondément enracinées dans notre société.

     

    ajouter la spirale de Laboratoire de l'inagalité

     

    EXEMPLES :

    Stéréotypes :

    Les femmes n’ont pas le sens de l’orientation.

    Préjugés :

    Femme au volant, mort au tournant.

    Discrimination :

    Elle n'aura pas le poste de conductrice d'engins.

    Stéréotypes :

    Le rose est une couleur féminine.

    Préjugés :

    Les garçons qui portent du rose sont homosexuels.

    Violences :

    Le garçon qui porte du rose est insulté de "sale homosexuel".

    Allant de l’inégalité de répartition des tâches domestiques à l’inégal usage de l’espace public en passant par l’invisibilisation des femmes dans les films, l’objectification du corps féminin dans les publicités, aux injonctions à la masculinité pour les hommes, à la répartition genrée de certains métiers, aux violences de genre, etc, les stéréotypes de genre sont un frein à l’égalité femmes-hommes. Ils influencent les attitudes et les comportements des individu·es, les poussant à adopter des comportements discriminatoires.

  • 3️⃣ L'objectification du corps féminin

    La notion d’objectification sexuelle désigne le fait de réduire une personne à son corps ou à ses fonctions sexuelles. Pour les féministes Catharine MacKinnon et Andrea Dworkin, cela implique d’utiliser l’autre pour satisfaire ses propres fins, induisant de fait la déshumanisation et une dégradation symbolique de la personne objectifiée.

    Femmes et hommes peuvent subir l’objectification, dans le cadre d’une société patriarcale comme la nôtre, le pouvoir étant côté des hommes, ce sont majoritairement eux qui objectifent et les femmes qui sont considérées comme des objets.

    Si pour McKinnon et Andrea Dworkin la pornographie est au centre du process d’objectification, plusieurs autres féministes ont plutôt mis les inégalités femmes-hommes, les rôles et attendus genrés comme point de départ.

    Dans le domaine psycho-social, les chercheuses Barbara Fredrickson et Tomi-Ann Roberts ont travaillé de manière empirique à démontrer l’impact de l’objectification sexuelle sur la santé mentale des femmes.

    Le fait de traiter les femmes comme des objets sexuels a des conséquences néfastes chez elles comme les troubles alimentaires ou les dépressions mais aussi des conséquences plus indirectes comme l’intériorisation des femmes du regard d’autrui sur elles-mêmes. C’est ce qu’on appelle l’auto-objectification.

    source

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    Cette pression posée sur le corps des femmes vis-à-vis de leurs corps a permis aussi de développer le concept de malegaze ou regard masculin. Notre environnement médiatique est construit par rapport à ce regard que ce soit au cinéma, dans les publicités, la BD, les jeux vidéo … Les femmes sont réduites à leur corps hypersexualisés. On y est tellement habitué que cela ne nous interroge plus de voir des héroïnes dans des tenues et des positions improbables, comme la fameuse « fesses – sein » qui permet au spectateur de voir les 2 ou encore la fragmentation où les femmes sont découpées (le plus souvent on ne leur voit plus la tête - cf l'affiche du film Les infidèles de 2012).

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    Heureusement, des voix s’élèvent (un peu) pour sortir de ces codes et proposer d’autres points de vue, des personnages différent·es, des héroïnes actives non sexualisées. Par exemple l’autrice et critique de cinéma, Iris Brey, qui à développé le “female gaze”, ce regard féminin qui se veut une vraie démarche engagée afin de proposer des films sans objectification.

     

    Car l'objectification du corps féminim pose la question de sa consommation et de sa vente, comme une marchandise... Cf pornographie et prostitution.

  • 4️⃣ Questionner les masculinitéS

    Pour lutter contre les violences et les discriminations basées sur le genre, le problème ne se limite pas à la perpétuation des stéréotypes et rôles féminins, remis en question depuis plusieurs siècles, mais s'étend aussi à la perpétuation des stéréotypes et attendus masculins, trop peu souvent remis en cause.

    Olivia Gazalée, philosophe, parle à ce propos, d’un mythe de la virilité, qui serait entretenu notamment par des valeurs guerrières enfermant les hommes dans une posture de protecteurs (de la cité, de la famille) et leur donnant légitimité pour assoir leur place même en utilisant la violence.

    A voir : documentaire sur les masculinités guerrière, "Power on Patrol" - Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté

    ⚠️ Stéréotypes masculins, virilité, masculinité
    Les stéréotypes masculins sont alimentés par deux concepts souvent associés : la masculinité et la virilité significations légèrement différentes qui peuvent varier selon les époques, les sociétés, les contextes culturels et les attentes sociales spécifiques.

    • La virilité peut être considérée comme l'ensemble des caractéristiques physiques perçues comme typiquement masculines, que chaque homme peut posséder à différents degrés. Utilisée aujourd’hui pour décrire un idéal d'homme, la virilité est associée à la force physique, le courage, la performance, l'endurance et la puissance sexuelle.

     

    Pour autant, Haude Rivoal  dans "La fabrique des masculinités au travail" (edition La Dispute) souligne que la virilité n'a pas toujours été liée au masculin : la sociologue prend pour exemple les femmes exerçant des métiers nécessitant force et endurance, telles que les aides à domicile, dont 98% sont des femmes. Elles portent, lavent et soutiennent les malades, les personnes alitées, avec force, courage, endurance, performance, démontrant ainsi que les femmes aussi peuvent être des exemples de virilité.

     

    • la masculinité est un concept plus large que la virilité, qui englobe l'ensemble des caractéristiques, des rôles et des comportements socialement réservés aux hommes, tels que la compétitivité, l'indépendance, l'assertivité, la maîtrise de soi par la répression des émotions, la culture de la violence et l'obsession de la conquête (pouvoir, réussite, relations avec les femmes...), ainsi que des attentes en matière de rôles familiaux, professionnels et sociaux. Le concept de masculinité est souvent défini comme dominant, supérieur, en opposition à la féminité qui est généralement perçu comme inférieur, ce qui engendre des attitudes et des comportements sexistes, et la stigmatisation de tout ce qui est perçu comme "non masculin".

    Pour aller plus loin :

    Le concept de « masculinitéS », au pluriel, a été développé récemment par Raewyn Connell, sociologue australienne, pour remettre en question l'idée d'une masculinité unique et monolithique et proposer une lecture plurielle, complexe, socialement construite et évolutive des façons d'être considéré comme un homme. Selon elle, les masculinités ne sont pas des caractéristiques individuelles déterminées biologiquement, mais des constructions sociales qui varient selon des facteurs sociaux, économiques et politiques (cultures, contextes historiques, systèmes de pouvoir.)

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    La masculinité hégémonique : lecture critique d’un concept de Raewyn Connell - https://journals.openedition.org/gss/3546

    4 types de masculinités hiérarchisés en fonction d'un modèle dominant :

    • La « Masculinité hégémonique » fait référence à un ensemble de normes et d'attentes culturelles qui prescrivent les comportements attendus des hommes. C'est un modèle qui ne ressemble pas à la réalité de la majorité des hommes, mais qui sert de norme pour comparer les hommes entre eux, leur permettre de bénéficier ou non de privilèges, assoire la supériorité masculine et donc maintenir les inégalités de genre.

    Raewyn Connell parle d'"hégmonie" en référence au concept d’"hégémonie culturelle" (développé par le théoricien Antonio Gramsci) qui suppose que la conquête du pouvoir ne peut se faire qu'avec la conquête de l’opinion publique et la domination culturelle de sa classe sur les autres. Ici la société patriarcale (reposant sur une domination des hommes sur les femmes et donc du masculin sur le féminin).

    • Les Masculinités complices aspirent à la masculinité hégémonique sans toutefois ni la réaliser pleinement ni bénéficier de ses priviligèges.
    • Les masculinités marginalisées sont exclues du modèle hégémonique à cause de facteurs de classe, d'origine ethnique, de handicap, de parcours, ...
    • Les masculinités "subordonnées" sont repoussées car elles présentent des caracteristiques opposées à celles du modèle hégémonique (l'orientation sexuelle par exemple).

    Ce modèle de masculinité dominante a des conséquences négatives pour les hommes eux-mêmes, ainsi que pour les femmes et les personnes ne se conformant pas à ces normes de genre. Il peut créer des pressions sociales, des attentes irréalistes et des contraintes qui limitent la liberté individuelle et le développement de soi.

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    ⚠️ Comment se fait l'appropriation collective de la masculinité ?

    La masculinité n’est pas une simple histoire de devenir un homme, tout comme la féminité n’est pas qu’une histoire de femmes. Ce sont toutes deux des constructions sociales en lien avec des rapports de pouvoir installés depuis plusieurs siècles. Mais pourquoi ce système dénoncé depuis plusieurs décennies ne tombe pas ? Comment accompagner les hommes et les femmes à refuser d’adhérer à ce système de genre ?

    Les attendus liés à la masculinité passent par différents niveaux d’apprentissage et notamment par un lien fort avec la violence. En prenant la règle des 7 P développée par Michael Kaufmannen 1999 (voir « The seven P’s of men’s violence », nous pouvons avoir les clés et leviers pour interroger la construction d’une violence de genre dans les groupes :

    • Pouvoir patriarcal (Patriarchal Power) : le pouvoir Patriarcal s’appuie sur l’intériorisation de la violence dès la petite enfance par les hommes qui vont par la suite la diriger vers les femmes, vers d’autres hommes, voir vers eux-mêmes. Cette violence structure les sociétés patriarcales et a permis d’assoir la domination de certains hommes. La violence est donc à la fois un résultat mais aussi le moyen d’obtenir le maintien du patriarcat.
    • Croyances des hommes dans le droit aux Privilèges (The Sense of Entitlement to Privilege) : les hommes utilisent la violence pour maintenir le pouvoir mais aussi pour maintenir certains privilèges (ex.le harcèlement de rue des femmes est le maintien de celles-ci comme objet sexuel à disposition)
    • Permission pour exercer la violence (Permission) : la violences masculine est normalisée par les lois, les coutumes sociales, les enseignements religieux, les modèles présentés. Tout ceci va approuver explicitement ou implicitement l’usage de la violence.
    • Paradoxe du pouvoir des hommes (The Paradox of Men’s Power) : la manière dont le pouvoir social s’est construit induit une insécurité personnelle lorsqu’un homme ne peut pas / ou pense ne pas pouvoir accomplir les tâches qui lui sont traditionnellement dévolues.
    • L’armure Psychologique (The Psychic Armour of Manhood) : La construction masculine passe par un rejet des valeurs et qualités considérées comme maternelles et plus largement féminines, notamment tout ce qui a attrait au soin, à l’empathie. De ce fait, cela créé une« armure » rigide qui empêche une relation apaisée avec l’autre et favorise les comportements misogynes et homophobe.
    • Cocotte-minute psychologique (Masculinity as a Psychic Pressure Cooker) : De nombreuses formes de masculinités reposent sur l’intériorisation de leurs émotions. Le fait de s’empêcher de ressentir un panel divers émotionnel selon les situations, va exacerber la seule « validée » comme possible : la colère.
    • Les expériences du Passé (Past experiences) : L’apprentissage de la violence dès le plusjeune âge, la mise en exemple de modèles violents comme norme et la non (ou peu) remise en cause des schémas masculins patriarcaux entraine une reproduction de ceux-ci et une « naturalisation » des attitudes violentes des hommes.
    • L’association Le Monde selon les femmes(Belgique) ajoute comme « P » La Pornographie : car celle-ci conditionne la vie affective et sexuelle masculine.

    ⚠️ Quelles pistes pour penser de nouvelles masculinités ?

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    Voici la traduction des propositions de l’association espagnole « Un Como » pour penser de nouvelles masculinités :

    1. Éliminer la violence
    2. Revoir le modèle de masculinité
    3. Promouvoir l’empathie
    4. Construire une masculinité libre
    5. Un engagement à soigner
    6. Apprendre tout au long du chemin
    7. Utiliser le corps pour améliorer les relations

    A compléter avec ces pistes tirées d’associations mexicaines et de la communication de la police fédérale mexicaine :

    • Ne pas utiliser le pouvoir pour s'imposer aux autres
    • S’efforcer de partager les tâches ménagères et le soin aux enfants
    • Ne pas voir la masculinité menacée par le féminin ou les femmes
    • Ne pas considérer l'homosexualité comme un danger
    • Proposer une éducation égale et respectueuse sans violences pour tou·tes

    ⚠️ Masculinités : résistances aux changements

    Malgré les progrès réalisés dans de nombreux domaines vers l'égalité entre les sexes, des résistances persistent et entravent les actions mises en place. Des attitudes et des comportements discriminatoires reflètent une résistance profonde au changement.

    • la peur de perdre son statut ou son pouvoir : L'une des raisons de cette résistance est la perception menaçante du pouvoir et des privilèges traditionnellement détenus par les hommes. L'égalité remet en question les schémas de domination et de contrôle qui ont été profondément enracinés dans notre société depuis des siècles. Pour certains hommes, l'idée de partager équitablement le pouvoir et de renoncer à certains privilèges semble être une perte de statut ou de pouvoir personnel.
    • La peur du regard des autres : De plus, les stéréotypes de genre persistent et jouent un rôle important dans la perpétuation de cette résistance. Les normes sociales qui dictent que les hommes doivent être forts, dominants et indépendants créent une pression pour se conformer à ces attentes. Les hommes qui s'éloignent de ces rôles peuvent faire face à des critiques, à des jugements, à une remise en question de leur identité voir à des actes de violence en leur encontre.
    • La peur de perturber l'ordre établi : Une autre raison de la résistance des hommes à l'égalité réside dans les peurs et les incertitudes suscitées par le changement social. Lorsque des modèles établis sont remis en question, cela peut entraîner une certaine confusion et une perte de repères.

    Cependant, il est important de souligner que la résistance des hommes à l'égalité n'est pas une caractéristique universelle. De nombreux hommes se sont engagés activement dans la lutte pour l'égalité des sexes, reconnaissant que l'égalité profite à tou·tes. Ils comprennent que l'égalité ne signifie pas une perte pour eux, mais plutôt une société plus juste, équilibrée et harmonieuse. 

     

    L'égalité des sexes n'est pas un jeu à somme nulle, mais plutôt une opportunité de créer une société plus juste et équilibrée pour tous et toutes. En fin de compte, interroger les normes masculines et féminines est possible en favorisant le dialogue, en questionnant les stéréotypes de genre, en abolissant les préjugés qui ménent aux descriminations, et en valorisant de nouveaux modèles. (comme les exemples ci-dessous - rajouter la source et permettre le téléchargement du document en pdf)

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  • 5️⃣ Comment agir ?

    ➡️ Une action collective en vue d'une transformation sociétale : la lutte contre les discriminations nécessite des actions concertées à plusieurs niveaux pour remettre en question les stéréotypes et les préjugés, encourager le dialogue. Notamment en favorisant l'empathie, nous pouvons construire une société où la diversité est valorisée, où les discriminations sont combattues et les comportements toxiques répérés.

    • Structurellement : Les politiques publiques et les lois antidiscriminatoires jouent un rôle crucial dans la protection des droits des individu·es et la promotion de l'égalité.
    • Associatif : toutes les associations doivent intégrer une analyse basée sur le genre, et quand elles le peuvent proposer des actions de promotion et de sensibilisation à l'égalité.
    • Professionnel : toutes les organisations peuvent être partie prenante de la lutte contre les inégalités et les descriminations en mettant en place des mesures fortes favorisant la diversité et l'inclusion de tous et toutes (congé paternité, ...)

    ➡️ Et individuellement, qu’est-ce qu’on peut faire dès maintenant ?

    1. interroger nos pratiques, nos postures, et combattre nos préjugés
    2. questionner son environnement
    3. repérer et orienter les victimes de harcèlement, violences, discriminations
    4. visibiliser des nouveaux modèles
    5. aider des associations qui s’attaquent aux causes profondes des stéréotypes, des préjugés et de la discrimination, ainsi qu’à leurs effets

     

    Interroger nos pratiques, nos postures, et combattre nos préjugés : est-ce que j’agis de manière discriminatoire intentionnellement ou non ? Est-ce que j'arrive à questionner mes stéréotypes ?

    Petit·es comme grand·es, chacun·e a la droit de faire ce qui lui plaît tant qu’il ou elle est dans le respect de l’autre.

     

    Votre amie se met à la boxe ? Encouragez-la ! Votre père décide de se reconvertir dans les métiers de la petite enfance ? Encouragez-le ! Votre petit garçon joue à la poupée ? Félicitez-le, il fera un bon père, un super infirmier, ... !

     

    Questionner son environnement : les blagues, les films, les livres, les jeux vidéo, les activités et les personnes qui font la promotion d’attitudes négatives envers certains groupes. Lorsque l’on est face à une personne qui verbalise un stéréotype on peut la questionner pour déconstruire son idée.

     

    Si par exemple une personne vous dit que les poupées ne sont pas des jouets pour les garçons :

    => questionnez-la d’abord avec des questions ouvertes, par exemple : Pourquoi dis-tu cela ? / De quoi a-t-on besoin pour jouer à la poupée ? / Pourquoi les garçons ne pourraient pas le faire ? De quoi as-tu peur ?

    => proposez une autre façon de voir les choses : jouer à la poupée permet aux petits garçons de développer des compétences psycho-sociales importantes quant au respect de l’autre, du prendre soin, et que cela pourra l’aider à être un bon père

     

    → Repérer et orienter les victimes de harcèlement, violences, discriminations

    • Votre amie est discriminée à l’embauche à cause d’une potentielle grossesse ? Proposez-lui de chercher avec elle des structures qui pourraient l’aider à faire face à cette situation et faire entendre ses droits.
    • Votre enfant est rejeté·e à l’école car il ou elle ne réponds pas aux rôles de genre ? Rappelez lui qu’il ou elle est en droit de faire ce qui lui plaît tant qu’il ou elle respecte les autres et ne leur impose pas son avis. Porter des robes ou jouer à la poupée ne transforme pas les garçons en fille, idem pour les filles qui jouent au foot ou qui travaillent dans le batiment.
    • Des formations existent !

    → Visibiliser de nouveaux modèles

    Rien de mieux que de pouvoir s’identifier à des personnes réelles ! Développer vos exemples en dehors de stéréotypes : parlez autour de vous des footballeuses lyonnaises qui excellent à chaque compétition, des femmes scientifiques, des hommes dans les métiers du soin, etc.

     

    ajouter fiches stéréotypes filles et garçon (maman renarde)

    → Aider des associations qui s’attaquent aux causes profondes des stéréotypes, des préjugés et de la discrimination, ainsi qu’à leurs effets

  • Pour aller plus loin :

     

     

     

    • "En finir avec la culture du viol", Noémie Renard et blog de Noémie Renard “ Ca fait genre” https://cafaitgenre.org/2015/02/23/masculinite-hegemonique/